Kerala (L'Inde), 30/08/2018, Srs. de l'Inde.- Annuellement, la pluie de la mousson est caractéristique de la région du Kérala. Chaque année, du début juin à la mi-août, le Kérala subit de fortes pluies. Mais cette année ce fut pire. L’après-midi du 8 août, la mousson fut si forte qu’elle en arriva à remplir les retenues d’eau jusqu’à leur capacité maximum. Durant les 24 premières heures de pluie, l’Etat a reçu 310 mm (12 pouces) d’eau. Presque tous les barrages ont été ouverts vu que le niveau de l’eau était prêt à déborder, inondant les surfaces locales en contre-bas, les rivières et les canaux.
Pour la première fois dans l’histoire de l’Etat, 35 des 42 retenues d’eau ont été ouvertes. Il était indispensable de laisser passer graduellement l’eau de ces barrages, ceux-ci étant sur le point d’exploser. Dans les circonstances normales, habituellement les fleuves charrient l’eau des pluies de la mousson. En plus des fortes pluies, l’eau s’échappant des retenues d’eau a inondé presque tout l’Etat en très peu de temps. Mis à part Kasargod, Trivandrum et Kollam, tous les autres districts ont été touchés par l’inondation.
Suite à l’intense inondation, l’état a été mis en alerte rouge. Les personnes furent obligées d’abandonner leurs foyers sans avoir le temps d’emporter quelque chose de plus que ce qu’elles portaient sur elles. Ceux qui hésitaient à partir furent sauvés par hélicoptères, barques et autres, vu que les maisons furent inondées. Ceux qui tentèrent de se réfugier dans les étages supérieurs, n’avaient aucun moyen pour s’échapper. Les environs proches des fleuves, soit 4 à 5 km, furent les plus touchés. Sortant des barrages, le fort courant faisait surgir l’eau vers les maisons, les routes et les villages. Les fortes précipitations causèrent des glissements de terrain dans les régions montagneuses. Beaucoup de familles ainsi que leurs maisons furent ensevelies sous les glissements de terrain.
Des milliers de camps de réfugiés ont été ouverts en différents lieux pour secourir les victimes des inondations. On estime à 1. 028. 073, le nombre de personnes ayant trouvé un refuge dans ces-dits campements. L’inondation a affecté des centaines de municipalités, a détruit approximativement 10.000 km de routes et des milliers de logements ont été sinistrés ou détruits. Dès que l’eau a commencé à monter tout autour de leur maison, nos Sœurs de la communauté de Varadium ainsi que les gens de Papa Nagar ont déménagé vers le camp établi dans l’Ecole de Varadium. Plus tard les Sœurs ont été transférées à la maison des sœurs du Couvent de la Charité où elles restèrent jusqu’à ce que l’eau redescende.
Nos sœurs à Kuttikad n’ont pas été touchées directement par l’inondation. Mais elles étaient isolées sans électricité, réseau, transport... Témoignage de Sr Reena Kanivayalil : « Ce fut la veille du jour de l’Indépendance que nous avons entendu l’alerte rouge dans les environs de Kuttikad, Pariyaram, prévenant que le niveau de l’eau du fleuve Chalakudy allait monter, vu qu’on allait ouvrir les barrages de Sholayar et Peringalkutth. A Pariyaram, un campement de secours avait pris fin et on revenait à la vie normale. En écoutant à nouveau les nouvelles, les gens commencèrent à courir pour retourner vers les camps. Le niveau de l’eau montait minute après minute. Les villages aux environs du fleure Chalakudy furent sous l’eau durant plus de 4 jours. Eglises, couvents, hôpitaux, foyers pour handicapés, etc... ne firent pas exception ».
Dès la nuit du 14 août, des camps de réfugiés furent ouverts dans les écoles, les salles paroissiales et les églises aux environs de cette zone. L’eau montait de plus en plus à chaque minute et elle continua jusqu’au 17 au matin. Beaucoup de gens s’échappèrent de leurs maisons pour sauver leur vie. Tout ce qu’ils laissèrent derrière eux fut emporté par l’eau. Nous avons perdu l’électricité, les réseaux, les transports etc. Les sauveteurs risquèrent leur vie pour en sauver d’autres. Les personnes furent évacuées en barques et sur les épaules, etc. Les pécheurs des régions côtières furent les premiers à venir sauver les personnes qui restaient prisonnières dans leurs maisons. A mesure qu’ils furent capables de passer entre les arbres et les portes avec leurs barques et canots plus petits, ils sauvèrent des millions de personnes, des enfants, des personnes âgées, des femmes enceintes et des malades et d’autres qui n’avaient pas d’autre échappatoire. La gratitude des gens envers ces sauveteurs n’a pas de limite. L’Armée, les gardes- côtes, les fonctionnaires du gouvernement local, régional et de l’Etat travaillèrent jour et nuit pour organiser les opérations de sauvetage. La part que les jeunes et autres volontaires jouèrent dans les opérations de sauvetage et le service aux personnes dans les camps de réfugiés est vraiment remarquable. Des vies ne se perdirent pas en ces lieux. Les gens continuaient à prier et nous aussi nous nous sommes unies à eux par une chaine du Rosaire et des prières d’adoration et de veille.
Les gens pleuraient, ayant tout perdu. Dans les camps, nous avons pu voir tous types de personnes : jeunes et âgées, riches et pauvres, des femmes enceintes, des personnes malades etc. Le service que l’Eglise a offert durant cette crise est immense, mais cela n’a pas été mentionné dans les journaux. A mesure que l’eau baissait la communauté paroissiale a réuni des volontaires, pour nettoyer les maisons pleines de gadoue et de terre et beaucoup d’entre nous aussi nous nous sommes unies à tous les travaux que nous pourrions faire, tout particulièrement pour nettoyer les maisons, afin que ne survienne pas quelque chose de pire comme la maladie et la mort. Une fois l’eau évacuée, ce fut le moment d’affronter les séquelles de la furie du déluge. Sr Shincy Joseph ajoute : « La situation de Kuttikad, Poovathingal, Pariyaram et Chalakudy fut vraiment désastreuse. Les gens ont perdu la majorité de leurs biens. Beaucoup de maisons ont été envahies par l’eau. Tout fut rejeté des maisons. Il semblait que c’était le déluge de Noé. Toutes les maisons étaient remplies de gadoue, serpents et toutes autres créatures du chemin, et aux abords des rivières, nous avons vu les animaux morts. Tout cela flottait dans l’eau. Aucun véhicule pour voyager. Pas de diesel, ni essence, ni riz, ni grains ; tout était détruit par l’eau, et quand les gens coururent pour sauver leur vie, ils ne purent rien emporter. Il semblait que la fin du monde était toute proche. »
Toutes les boutiques s’étaient préparées pour Bhakri Id et Onom, les fêtes des musulmans ainsi que des hindous. Toutes les boutiques, pharmacies et supermarchés étaient inondés. Et tout ruiné. Les maisons plus petites étaient complétement dévastées. Dans les meilleurs cas, tout ce qu’ils avaient était réduit en ruines par l’eau. En certains lieux, les chemins ont été si endommagés, que ce soit par l’inondation ou le glissement de terrain, qu’il faudra beaucoup de temps avant que ceux-ci ne puissent être utilisés pour le transport. Beaucoup de Familles de nos Sœurs ont aussi été sévèrement affectées par l’inondation. Maintenant c’est le moment de nettoyer le désordre et de reprendre la vie normale. Mais il faudra du temps pour que les gens puissent revenir par leurs propres moyens. Nos Sœurs dans les communautés de Kuttikad et Varadium sont impliquées dans le soin des personnes dans le camp et par le nettoyage des maisons des victimes des inondations.