Bangalore (L'Inde), 14/03/2021, Sr. Anula Irvin Suguna.- Le quatrième dimanche de carême est appelé dimanche du Laetare. Laetare, dénote la joie et l'allégresse car, en ce dimanche, l'Église se réjouit d'être déjà à mi-chemin dans cette marche en apercevant la venue de la lumière de Pâques.
Les lectures d'aujourd'hui nous présentent deux figures contrastantes : La lumière et l'obscurité.
Dans la première lecture (2 Chroniques 36, 14-16), nous voyons comment le peuple d'Israël a multiplié ses infidélités, et pratiqué toutes sortes d'abominations (2 Chroniques 36,14). Les Israélites vivaient dans l'obscurité, désobéissant aux commandements et profanant le temple. Par conséquent, Dieu envoya ses messagers et prophètes pour les aider à prendre conscience de leur péché, mais ils se sont moqués des messagers de Dieu et ont endurci leur cœur. Le temple a donc été détruit et les israélites, expulsés et exilés. C'est précisément pendant leur exil qu'ils reconnaissent les merveilleuses œuvres de Dieu et réalisent leur propre obscurité. Ils se souviennent de Sion (le temple de Jérusalem) et lui chantent le beau Psaume 137 : « Au bord des fleuves de Babylone... » C'est Dieu qui a pris l'initiative de faire passer le peuple des ténèbres à la lumière. C’est lui également qui inspira le roi Cyrus à permettre au peuple élu d'adorer à nouveau le Dieu d'Israël à Jérusalem (2 Chroniques 36, 23 ; Ez 1, 1-10).
L'Evangile raconte l'histoire de Nicodème, un pharisien qui cherche Jésus. Un homme bouleversé, non seulement par ce qui se passe autour de lui, mais aussi en lui-même. C'est pourquoi il va trouver Jésus la nuit (Jn 3, 2), parce qu'il cherche la lumière, il a le courage de vouloir sortir des ténèbres. Nicodème, un pharisien, probablement rigide dans sa façon de penser comme les autres pharisiens, peut être bouleversé par le rôle qu'il joue et son image au sein de la société.
L’essentiel ici est que Nicodème n'est pas resté dans ses doutes sur la façon dont il comprend les paroles de Jésus. Peut-être qu'à travers elles, Jésus « est en train de le mettre à l’épreuve ». Ainsi, alors qu'il s'engage dans une sérieuse quête de vérité, dans son introspection, il réfléchit en même temps profondément... il est probable qu'il soit entrain de traverser une crise qui l'amène à perdre toutes ses sécurités.
Nicodème veut en savoir plus sur Jésus, relire ses propres pensées et idées à travers la vraie lumière qui dissipe toutes les ténèbres. Cette démarche de Nicodème peut être comparée au chemin que nous parcourons tous : nous aussi, nous vivons des situations où tout semble obscure, où les ombres prennent des formes étranges et effrayantes. Nous avons tous peur de perdre nos sécurités, d'être abandonnés, de perdre les certitudes que nous avons accumulées au fil des années et que nous avons préservées avec confiance. Mais parfois, la réalité frappe à notre porte et nous plonge dans la crise.
Nicodème n'essaie pas de surmonter ses peurs tout seul ; il cherche la lumière, va vers Jésus, se tient derrière cette Vraie Lumière et se met en route. Puis il trouve un nouveau sens, une nouvelle sécurité et il renaît, né d'en haut par l'eau et l'Esprit en Jésus (Jn 3,35). Jean présente Nicodème au début et aussi à la fin de l'Evangile parmi ceux qui vont prendre le corps de Jésus après sa mort (Jn 19, 39). Nicodème n’a plus besoin de se cacher. C'est pourquoi nous pourrions appeler le cheminement de Nicodème le passage des ténèbres à la lumière, un chemin de libération.
Dieu désire toujours nous amener à la lumière « Car c'est bien par la grâce que vous êtes sauvés, moyennant la foi. Ce salut ne vient pas de vous, il est un don de Dieu » (Ephésiens 2, 8). Il est facile de choisir l'obscurité au détriment de la lumière. Mais c'est un défi de rester dans la lumière. Jésus nous invite à bien regarder la croix qui nous fait peur, à faire face à toutes nos peurs, nos incertitudes, cette obscurité qui prend le dessus de temps en temps, afin que nous puissions découvrir comment Il a pris sur Lui la croix, car c'est en regardant la croix que nous pouvons être guéris.
Seigneur Jésus, éclaire-moi avec ton rayon de lumière et dissipe les ténèbres qui sont en moi. Je désire faire l'expérience de ton grand amour qui m'anime et me renouvelle. Aide-moi à « lever les yeux » sur ta croix rédemptrice et à vivre de manière plus engagée. Amen.