Traite des êtres humains et droits de l'homme

on 13 Juil, 2022
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Espagne, 13/07/2022. Sr. Marta Elena Vélez Betancur.- Notre non retentissant à la traite des êtres humains trouve son expression directe dans l'article 4 de la Déclaration des droits de l'homme : "Nul ne sera tenu en esclavage ni en servitude ; l'esclavage et la traite des esclaves sont interdits sous toutes leurs formes".

Il est clair que cette formulation est un grand souhait et qu'elle a fait progresser l'humanité à de nombreuses époques et en de nombreux endroits. Mais il est également clair que son accomplissement universel est un horizon lointain vers lequel nous marchons à pas incertains et avec plus d'un revers. Continuellement, année après année, nous ne cessons de dénoncer cette situation, les cas saignants d'esclavage pur et simple qui se produisent dans le monde et aussi parmi nous.

Dès nos origines, Marie Poussepin "prenait avec elle des jeunes filles des campagnes, sans asile et sans ressources", pour "les éduquer dans la crainte de Dieu, leur apprendre à travailler pour vivre" et "les rendre capables d'éviter les désordres auxquels la misère et l'ignorance les exposent". En réponse aux besoins de son époque, qu'elle percevait comme des appels du Seigneur, elle a établi son travail selon deux orientations principales. "La communauté considérera toujours comme l'un de ses principaux devoirs l'instruction et l'éducation de la jeunesse".

Mais peut-être notre dénonciation nécessite-t-elle une vision plus large, que nous trouvons déjà contenue dans le préambule de la Déclaration des droits de l'homme. "La liberté, la justice et la paix dans le monde sont fondées sur la reconnaissance de la dignité inhérente à tous les membres de la famille humaine et de leurs droits égaux et inaliénables. L'ignorance et le mépris des droits de l'homme ont conduit à des actes de barbarie révoltants pour la conscience de l'humanité". Sans cette compréhension de la dignité humaine, les droits n'ont aucune base sur laquelle s'appuyer.

La même société qui proclame les droits de l'homme a créé une mentalité mercantile, avec le profit économique et la satisfaction personnelle comme critères suprêmes, sans tenir compte des limites éthiques. Dans des cas extrêmes, nous trouvons ceux qui envisagent de faire le commerce des personnes, comme s'il s'agissait d'une quelconque matière première. A petite échelle, nous courons le risque de valoriser les personnes pour les avantages qu'elles nous apportent sur le plan social, affectif, professionnel, sexuel, économique... entretenant ainsi des relations humaines faussées, éloignées de la reconnaissance de la valeur de chaque personne. Ce mode de relation est un terreau fertile pour que germent et se développent l'individualisme, l'égocentrisme, l'indifférence et l'apathie, et par conséquent la collaboration et la complicité plus ou moins inconscientes avec l'exploitation des êtres humains. Des actions et des attitudes contre lesquelles il y a place pour la dénonciation et aussi l'autocritique.

Dans de nombreux endroits, l'inégalité et la soumission, qu'elles soient flagrantes ou subtiles, d'une partie de la population sont tellement normalisées, tellement bien gérées dans l'éducation et les MCS, qu'il est difficile pour les gens, en particulier les femmes, de prendre conscience de la manipulation et de l'exploitation qu'ils subissent, même parfois dans des réalités aussi dures que la traite des êtres humains.

Alors, comment peut-on parler d'autonomisation ? L'émancipation des victimes de la traite des êtres humains nécessite un petit quelque chose et un processus.

Un petit quelque chose au plus profond de chaque être humain, femme ou homme, où se trouve un noyau de dignité, reconnu ou non, inaccessible aux autres, indéniable pour la personne elle-même. C'est dans ce noyau que réside la force d'ouvrir les yeux, de se lever, de marcher à nouveau, de relever la tête... malgré toute la souffrance, le mépris, la violence, que l'on a endurés ; tout événement qui met la personne en contact avec elle est l'étincelle qui peut initier le processus d'émancipation.

Le processus sera lent, long et difficile, avec de nombreux obstacles ; un processus de rencontre avec soi-même et avec les autres. Un processus de dé-victimisation qui conduit à découvrir, reconnaître, assumer et célébrer sa propre dignité, sa liberté et ses capacités. Ce sera plus facile s'ils sont accompagnés, si d'autres personnes de leur entourage croient que c'est possible et le montrent par leurs attitudes, en respectant et en encourageant, en ayant des relations d'égal à égal, comme des compagnons de route. Et ce sera moins difficile si on leur donne les moyens auxquels ils ont droit.
 

Dans notre émancipation, celle des "non-victimes", un petit quelque chose et un processus sont également nécessaires. L’étincelle qui nous ouvre à la prise de conscience de la notion de personne et des relations personnelles qui se révèlent dans la pratique de nos vies. Le processus qui, avec d'autres, avec beaucoup d'autres, nous amène à travailler sans relâche pour la famille humaine d'égaux dans la dignité et la liberté que nous sommes capables de construire.

Depuis la communauté de Madrid, nous travaillons dans l'Observatorio de DDHH Samba Martine, famille dominicaine ; et avec d'autres congrégations : les Oblats et les Adorateurs dans différents bénévolats où le travail ne manque pas.

"Ils m'ont fait croire que je ne valais rien d'autre" (Yoli)"Ils m'ont fait croire que je ne valais rien d'autre" (Yoli)

https://www.conferenciaepiscopal.es/jornada-de-oracion-y-reflexion-contra-la-trata-de-personas-2022/

Références:

  • Droits de l'homme et traite des êtres humains. Nations Unies New York et Genève 2014. Fiche d'information sur les droits de l'homme n. 36.
  • RG. XXVII, Dominicaine de la Présentation.
  • Article : Marta Elena Vélez. Délégué JPIC Province d'Espagne.
  • Mª Dolores García Maquívar. Communauté de Madrid. Province d’Espagne qui travaille dans ce secteur de la traite.
  • Foto: de Fernando Mármol Hueso, qui a rendu possible l'exposition photographique itinérante : “Punto y Seguimos. La vida puede más”.