Ouagadougou (Afrique), 03/10/2020, Sr. Blandine Kiendrebeogo et Sr. Pélagie Kabore.- Nous voudrions vous partager notre entretien avec les aspirantes de la région de Ouagadougou. Cette année, à la Vice-Province d’Afrique, le camp des aspirantes a été organisé par région.
Introduction
Marie Poussepin, femme de son temps, est née en 1653 dans une ville prospère appelée Dourdan en France. Elle reçut une bonne éducation de base dans sa famille. Ses deux parents étaient de fervents chrétiens. Son papa était le chapelain (sacristain) de la paroisse et sa maman était trésorière dans une œuvre caritative de saint Vincent de Paul. Suivant les pas de sa mère, Marie Poussepin s’engagea elle aussi dans cette confrérie de charité. Très jeune, elle se laissa incarner par la vertu théologale : la charité. Retenons que la famille a été pour Marie P sa première école qui l’a initiée au service de la charité. Depuis son enfance comme nous le constatons, elle s’est engagée dans ce ministère avec sa mère et s’y affirme de plus en plus par le service aux plus pauvres et aux plus malades. La méditation assidue de la Parole de Dieu, la prière et la contemplation lui permettent de s’enraciner dans la foi et dans la connaissance de Dieu.
En 1696, touchée par la misère et la souffrance des habitants de Sainville, elle quitte Dourdan sa ville prospère où elle est née pour aller habiter ce village ravagé par l’épidémie, l’ignorance, la famine, pour ne citer que cela. Là elle fonda une communauté du Tiers- Ordre de saint Dominique, pour l’utilité de la paroisse, le soin des malades et l’instruction de la jeunesse.
Très vite sa congrégation connaitra une floraison, et sera très appréciée. Beaucoup de jeunes filles se joignirent à elle à la suite du Christ. Son œuvre se répandit dans le monde (37 pays) entier à travers le dévouement missionnaire de ses sœurs.
La charité de Marie Poussepin
« La charité doit être l’âme de la Congrégation ».
Toute la vie de Marie Poussepin n’a été que charité, elle a imité la vie que notre Seigneur Jésus a menée sur terre. Comme le bon Samaritain, elle a compris si tôt que tout l’Évangile consistait à aimer Dieu et le prochain ; un amour désintéressé et inconditionnel, qui accueille chaque personne et se fait proche au-delà de toutes les différences culturelles sociales ou religieuses. Son service n’exclut personne, mais les pauvres ont sa préférence et sa sollicitude : « n’ayez pas moins d’amour pour les pauvres que les riches », « aimez d’abord ce qui sont le plus dans le besoin ». Tout au long de sa vie, sa charité n’a été que gratuité, elle été aussi le secret de son dévouement, la force de son apostolat et la raison d’être de son institut et de ses préoccupations. Marie Poussepin a pris conscience qu’elle devait être dans la maison du Père et s’occuper de ses œuvres. Luc 2, 49. Elle s’était consacrée à Dieu au plus profond d’elle-même comme Marie à sa présentation au Temple.
Outre son engagement apostolique, Marie Poussepin avec un esprit de sagesse comme celui de Salomon sut discerner pour transformer l’industrie et le commerce traditionnel de sa ville natale. Elle a su allier le spirituel et le temporel dans une charité efficace (fabrication de bas de soie).
Nous voyons déjà en elle, l’image de l’apôtre social de la charité, qui au-delà du travail auquel elle se voue, cherche à mettre l’homme debout pour la gloire de Dieu. C’est bien ce que vise l’Église à propos du travail. (Doctrine Sociale de l’Église).
Sa charité a sa source dans l’amour de Dieu ; elle se nourrit de la prière, de l’étude et de la contemplation de la Parole, ne cherchant que la gloire de Dieu et le bien du prochain. Elle attend tout de Dieu et toutes ses actions sont faites dans un désir sincère de plaire à Dieu. La clé de sa compassion réside dans sa relation d’amour, l’amitié et l’intimité avec le Seigneur qui la renouvelle et l’encourage à venir en aide à son frère dans le besoin et à lui apporter son amour et sa miséricorde. Marie Poussepin reste uni à Dieu et c’est pourquoi sa prédication devient une bonne nouvelle pour les pauvres et les malades de Sainville.
L’amour de Dieu pratiqué dans les œuvres de miséricorde, spirituelles et corporelles envers le prochain, est la caractéristique de sa physionomie spirituelle. Une telle charité nécessite certaines valeurs et Marie Poussepin a su les incarner pour en faire des traits de famille.
Les traits de famille
Cet amour désintéressé et inconditionnel, Marie Poussepin l’a vécu dans le travail, la simplicité et la pauvreté. Ainsi par le travail Marie Poussepin a subvenu aux besoins de la famille après la mort de ses parents et aux besoins de son institut. Aussi par le travail Marie P est venue en aide aux pauvres, aux malades et aux plus démunis. Le travail révèle pour Marie Poussepin un aspect très important dans sa vie. Marie P recommande à ses sœurs de faire du travail un trait caractéristique de la vie de la congrégation. Pour Marie P c’est par le travail que ses sœurs arriveront à l’accomplissement de la mission qui est leur confiée (à soulager la misère de leurs frères et sœurs et subvenir aux besoins quotidiens).
C’est dans la simplicité que Marie Poussepin a exercé son œuvre de charité et cette simplicité se lisait dans tout ce qu’elle faisait et dans sa proximité aux personnes pauvres et malades qui était sa préférence. Sa compassion nourrit de sa simplicité l’a conduite à accueillir Marie Olivier une pauvre vieille veuve dans sa chambre jusqu’à sa mort. De cet acte, Marie Poussepin laisse un témoignage vivant de simplicité et de charité à ses sœurs.
Malgré la prospérité de sa ville natale, Marie Poussepin choisit de se dépouiller pour aller vivre dans l’humble village de Sainville où la misère et la pauvreté faisaient rage. Comme le Christ qui s’est fait pauvre en prenant notre condition divine, Marie Poussepin a choisi de vivre pauvrement enfin d’enrichir ses frères et sœurs qui étaient dans la misère et l’ignorance. Son désir de vivre les conseils évangéliques dans sa totalité, l’a conduite à ce dépouillement de tous ses biens au profit des plus pauvres.
Marie Poussepin recommande donc à ses sœurs de considérer ses valeurs que sont le travail, la simplicité et la pauvreté pour en faire des traits de la famille.
Conclusion
Nous retenons de Marie Poussepin qu’elle était une femme dynamique, déterminée et pleine de charité. Ayant vu ce qui était bon et beau aux yeux de Dieu Marie Poussepin l’a accompli. Grâce à son dévouement et sa vie toute donnée à Dieu et aux hommes, son héroïsme fut reconnu dans cette vertu de charité, si bien que lors de sa Béatification en 1994, l’Église l’a reconnue et déclarée « Apôtre Social de la charité ».
1994 - 2019, voici déjà 25 ans que Marie Poussepin est comptée parmi les bienheureux de L’Église, c’est cette vie de sainteté qui est l’objet de notre action de grâce à Dieu en cette année jubilaire de sa béatification. Célébrer une année de grâce c’est exprimer notre gratitude au Dieu provident, qui a veillé sur sa servante et son œuvre depuis sa création. C’est aussi pour nous aspirante une invitation à imiter Marie Poussepin, l’Apôtre Social de la Charité pour porter un regard de miséricorde renouvelé envers notre monde en proie à de nouvelles crises (la violence, l’insécurité, la maladie du Covid 19).
Nous pensons que ce partage nous permettra de faire une relecture de cette charité créative de notre mère fondatrice, et d’exprimer notre foi dans notre milieu de vie quel qu’en soit notre état de vie.