Paris (France), 12/06/2018, Corref.- Le lundi 11 juin, la Conférence des religieux et religieuses de France (Corref) a organisé une Journée de sensibilisation et de partage sur le thème « Abus sexuels et pédophilie ». Cette journée s’inscrit dans la dynamique déjà engagée par la Corref depuis plusieurs années sur ces questions. Dans l’assemblée : 120 religieux et religieuses, responsables de leurs instituts, de vie apostolique et monastique.
La journée s’est ouverte sur le témoignage de trois personnes victimes. Ils ont partagé leur douloureuse histoire, leur rapport à l’Église et à la foi et l’impérieuse nécessité d’écouter les victimes « les yeux dans les yeux ». Ils ont aussi insisté sur la confiance bafouée par les abus subis et par les silences de nos institutions et ont demandé que nous entrions tous dans un travail de vérité.
La table ronde de l’après-midi a permis un dialogue entre l’assemblée et des experts : Mme Geneviève de Taisne, psychanalyste, Maître Bertrand Ollivier, avocat, le Père Achille Mestre, canoniste et Sr Véronique Margron, présidente de la Corref. Occasion de croiser les questions et les expériences des uns et des autres. Plusieurs thèmes ont été abordés : la sensibilisation et la prévention, l’accueil et l’écoute des victimes, l’attitude envers les auteurs, l’accompagnement des personnes, les procédures civiles et canoniques.
En fin de journée, ce partage d’expérience s’est enrichi du témoignage d’un religieux sur les procédures mises en œuvre dans son institut. Il a redit la priorité à la victime, l’importance de la transparence et du travail au niveau de la prévention auprès des plus jeunes et des personnes vulnérables. Cette journée fut une étape importante pour la vie religieuse dans sa détermination à soutenir le chemin de reconstruction des victimes et sa volonté de poursuivre son engagement à assumer ses responsabilités.
Sœur Véronique Margron, op. s’est adressé aux supérieur(e) s majeur(e) s de congrégations religieuses présents en appelant à « œuvrer à une Église enfin plus sûre ». Après avoir souligné l’importance d’entendre le chagrin « si particulier, insupportable, qui ne s’efface ni ne s’apaise vraiment » des victimes d’abus sexuels, la présidente de la Corref à fait référence aux trois points d’attention « qui ont motivé notre volonté de vous proposer ce temps de sensibilisation, d’écoute, d’échanges sur un sujet si grave et lourd... » La vérité, « Nous avons maintenant l’obligation de veiller à tenir un langage de vérité et à renoncer à toute langue de bois comme à ce que les sociologues nomment la “culture de docilité” dans l’Église catholique. » La foi, « Les adultes abuseurs ont volé Dieu à leurs victimes. Comment croire encore que Dieu est réellement bon ? proche ? un Dieu qui me veut du bien ? Comment croire qu’il est vivant lui qui est apparu absent lors du drame. » ; l’Église et ce lent et douloureux travail, pour les victimes, afin de « se réapproprier les Écritures, les sacrements, la vie de l’Église... »