Medellín (Colombie), 24/05/2020, Sr. Gloria Eugenia Piedrahita Tamayo.- Le jour de l'Ascension du Seigneur, où est célébrée la LIV JOURNÉE MONDIALE DES COMMUNICATIONS SOCIALES, le message du Pape François sera lu, réfléchi et prié « Afin que tu puisses raconter à ton fils et au fils de ton fils » (cf. Ex 10,2). La vie se fait histoire ».
« Nul ne peut nier que vous êtes une lettre du Christ (...), écrite non pas avec de l'encre, mais avec l'Esprit du Dieu vivant ; une lettre non pas gravée sur des tablettes de pierre, mais sur des cœurs humains » (2 Cor. 3,3).
En le reprenant, je ne peux pas échapper au moment historique où ce message aura un impact et un écho : un temps de changement non calculé, non préparé avec une menace de mort cachée... un temps d'isolement, de confinement qui nous amènera sûrement à regarder en arrière, à découvrir l'histoire personnelle et celle qui se cache derrière chaque personne, derrière ces événements, à la digérer, à s'en souvenir et à la raconter.
Dans son message, le Pape souligne que c'est par la narration que « Dieu appelle les choses à la vie et, au sommet, il crée l'homme et la femme comme ses interlocuteurs libres, générateurs de récits avec Lui.
En ce sens, la Bible est la grande histoire d'amour entre Dieu et l'humanité. Au centre, se trouve Jésus : son histoire porte à son accomplissement l'amour de Dieu pour l'homme et, en même temps, l'histoire d'amour de l'homme pour Dieu ». (Message du Pape François pour la 54ème Journée Mondiale des Communications Sociales)
Ainsi, la Bible dit : « Lorsque vos enfants vous demanderont la signification de ce rite (parlant de la Pâque), vous leur répondrez : c'est le sacrifice de la Pâque pour Yahvé qui a passé au-delà des maisons des Israélites en Égypte… » (Ex 12, 26-27)
« Mon père était un Araméen errant qui descendit en Égypte, et c’est en petit nombre qu’il y séjourna, avant d’y devenir une nation grande, puissante et nombreuse. Les Égyptiens nous maltraitèrent, nous opprimèrent et nous imposèrent une dure servitude. Nous avons crié à Yahvé, Dieu de nos pères et Yahvé a entendu notre voix, a vu notre misère, nos épreuves et notre oppression et nous a fait sortir d'Égypte ». (Dt 26, 5-10) C'est une histoire narrée, racontée. Israël a non seulement appris à comprendre l'histoire comme le théâtre d'interventions puissantes et libératrices de Dieu, mais il a appris à raconter cette histoire, à raconter le déroulement du plan de Dieu en sa faveur et de cette façon, il ne fait pas simplement de l'historiographie, mais il rend l'histoire sacrée, la consécration de l'histoire, il fait de sa vie une histoire.
« Il n'y a pas d'histoires humaines insignifiantes ou petites. Après que Dieu s’est fait histoire, chaque histoire humaine est, en un certain sens, l'histoire divine. Dans l'histoire de chaque homme, le Père revisite l'histoire de son Fils descendu sur terre. Chaque histoire humaine a une dignité inviolable. Par conséquent, l'humanité mérite des récits qui soient à sa hauteur, à cette hauteur vertigineuse et fascinante à laquelle Jésus l'a élevée ». (Message du Pape François id.)
Parce qu'en Jésus, Dieu se fait chair, il devient un peuple, une histoire... Le Maître itinérant connaît parfaitement l'histoire et sait comment son Dieu a accompagné le peuple, a fait chemin avec lui. En tant que Juif, Jésus reprend le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob et le délivre par des actes et des paroles pleines de miséricorde... Il le rapproche et tisse de nouvelles relations entre lui et son peuple, il le dit, il raconte et vit l'Amour de son Père.
Que pouvons-nous narrer aujourd'hui ? Quelle est notre expérience de Dieu en ce temps d'incertitude ? Que pouvons-nous dire aux autres pour donner un sens à cette absurdité, pour l'ouvrir à l'espérance ? Le narrateur sait ce qu'il va raconter, a un regard de foi qui éclaire les ombres de la réalité et tisse des relations plus humaines et plus fraternelles sans perdre de vue qu'il existe de nombreuses façons de raconter une histoire et des interlocuteurs nombreux et très divers pour l'entendre, en débattre et l'assumer.
Aujourd'hui, plus que jamais, les médias sont à la portée d'une majorité, on pourrait dire que nous sommes précisément, dans l'empire des nouvelles technologies qui, sans nous demander notre permission, nous ont obligés à faire le pas et à les utiliser en défiant notre responsabilité parce que le moment est pressant.
Le Pape dit : « En lisant l’Écriture, les histoires des saints, ainsi que ces textes qui ont su lire l'âme humaine et mettre en lumière sa beauté, l'Esprit Saint est libre d'écrire dans nos cœurs, en renouvelant en nous la mémoire de ce que nous sommes aux yeux de Dieu ».
N'oublions pas que nous sommes des enfants ou des héritiers d'une annonce, nous sommes porteurs d'une Nouvelle que nous communiquons ou pouvons communiquer... mais nous sommes aussi des enfants de ce temps... nous sommes des enfants et des héritiers d'une Nouvelle qui nous sauve au milieu d'une société qui bouge, dans laquelle, les nouvelles ne sauvent personne, nous, nous avons une Nouvelle qui nous sauve... qu'attendons-nous pour la communiquer ? (Cf. Frère Segundo Anacona Becerra. Teología narrativa. Rencontre MCS Medellín. Juin 19/2018)
L'Esprit fera son œuvre en nous, dans l'humanité qui crie, si nous lui permettons de le faire.