Groupe Coordinateur de la Paix de la Justice, une réponse aux événements sociaux et politiques du Chili

on 27 Fév, 2022
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Putaendo (Chili), 28/02/2022, Sr. Licarayén Torres Muñoz.- Au cours de l'année 2019, un événement historique a eu lieu au Chili qui, bien que beaucoup ne l'aient pas vu ainsi, est venu changer le chemin que notre pays suivait après le retour à la démocratie. Les médias ont rapporté ce qui se passait, surtout dans les grandes villes, mais aussi dans tous les coins de notre pays. Le mécontentement social avait « explosé » après des années d'injustice, de mensonges et de corruption, le Chili s'est levé pour crier haut et fort que la vie ne pouvait plus continuer de la même manière.

Nombreuses étaient les revendications entendues à cette époque, les affiches qui remplissaient les rues étaient et sont encore la photographie d'une réalité qui, bien qu'opaque pour les puissants, était là plus concrète et plus dure pour la grande majorité des Chiliens. Le 18 octobre, la bombe qui avait été construite pendant des décennies avec chaque larme versée, surtout par les plus pauvres de notre pays, a explosé ; le 18 octobre, une nouvelle histoire a commencé à s'écrire et l'espoir a retrouvé la place qui lui avait été enlevée.

Face à cette convulsion d'événements, l'Église catholique chilienne n'est pas restée insensible, et bien que sa hiérarchie n'ait pas reçu de réponses, les croyants qui mettent leur vie en jeu pour l'Évangile dans les lieux qui connaissent tant la pauvreté, la vulnérabilité et l'injustice, ont commencé à s'organiser. Il était clair que la Parole de Dieu était la réponse à la recherche de la paix et de la justice dans un Chili qui criait haut et fort.

C'est ainsi qu'a été créée la Coordinadora Paz de Justicia, un groupe de coordination auto-organisée inspirée par les paroles du prophète Isaïe "La paix sera le fruit de la justice". Isaïe 32, 17

Lorsque le comité de coordination a débuté à fonctionner depuis un certain temps, j'ai commencé à y participer, car dans la relation avec les laïcs, les frères et sœurs d'autres congrégations religieuses, les prêtres diocésains, les jeunes et les adultes, j'ai trouvé un espace pour franchir les frontières que, à ce moment de l'histoire, le Chili a besoin de franchir. Dans le comité de coordination, j'ai trouvé un lieu pour contempler avec d'autres la réalité qui crie son urgence parmi les fragilités et les rêves, un lieu pour écouter les cris d'angoisse des pauvres.

Au fil du temps, un horizon s'est dessiné, que nous n'avions pas imaginé au départ. Jusqu'à présent, le Chili continuait d'être régi par une Constitution rédigée sous la dictature d'Augusto Pinochet, dans laquelle on pouvait encore sentir les biais d'un système qui ne cherchait qu'à écraser les plus petits et à exalter le pouvoir de quelques-uns. La Constitution était déjà obsolète et il était temps d'écrire avec une nouvelle encre la Carta Magna de notre pays. Dans cette recherche, tous ceux d'entre nous qui ont participé à la Coordinadora Paz de Justicia ont dû étudier beaucoup pour comprendre ce qui se cachait derrière tant d'années d'injustice. Écrire une nouvelle constitution signifie donner forme à tout ce dont nous avons rêvé, où le respect de l'être humain et de la terre doit à nouveau être essentiel.

Aujourd'hui, après tant de luttes, après tant de jeunes qui ont été aveuglés par les balles que la police leur a imposées, après tant de jeunes qui sont encore dans les prisions sans preuves ni procès équitable, le Chili commence à se soulever dans un processus qui est aussi historique. Notre nouvelle Constitution sera libre et égalitaire, où la diversité de nos peuples autochtones sera représentée et où tous les citoyens seront ceux qui diront OUI ou NON au travail effectué, par le biais d'un plébiscite.

Plus que jamais, c'est la tâche de l'Église d'accompagner les chemins que notre pays décide de prendre. Comme Marie Poussepin, nous devons transcender toutes nos frontières et être présents là où la vie crie. Avec d'autres, comme la Coordinadora Paz de Justicia, nous devons continuer à faire notre chemin, en favorisant le dialogue, une valeur que nous portons dans notre sang en tant que dominicains. Aujourd'hui plus que jamais, le Chili a besoin de chrétiens cohérents dans leur mission, qui promeuvent des espaces de recherche et de discernement, afin que notre participation aux événements sociaux et politiques soit enracinée dans les véritables valeurs de l'Évangile et non dans des idées dépassées de structures qui n'ont plus de sens pour nos frères et sœurs. La synodalité n'est pas seulement un exercice à huis clos ; notre pays nous apprend aujourd'hui que c'est un processus que nous devons vivre dans la rue, en conversation constante avec les périphéries qui ne sont plus si lointaines.

Faire partie de ce Comité de coordination est une impulsion pour se rappeler que le Charisme de Marie Poussepin est un mouvement constant entre Dourdan et Sainville, que ce n'est qu'en se déplaçant, pour mieux contempler notre monde, qu'il sera possible de vivre dans l'exercice de la charité.