France, 21/04/2020.- Depuis des temps anciens, la lettre est un moyen de communication qui nous permet de raccourcir les distances, d'encourager la réflexion et d'exprimer sereinement ce qui n'est souvent pas dit verbalement. En cette année de grâce, les Sœurs de la Province de France ont promu l'initiative de partager quelques lettres écrites par elles-mêmes et adressées à Marie Poussepin. En voici quelques-unes. Si vous souhaitez participer à cette initiative et partager votre lettre à Marie Poussepin, vous pouvez la faire suivre à l'adresse de la Commission de l'Année de grâce : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
Dis moi, Marie Poussepin...
Dis moi , Marie Poussepin, étais tu visionnaire lor sque tu écrivais ces lignes en tes « Règlemens de Sainville ? »
Après quelques années de dispersion, un « Petit reste », seize de t es soeurs, tes filles, se retrouvaient à Janville donnant le signal d'un nouveau départ, à l'heure où la France avait tant besoin de soeurs de charité...
Je ne te connaissais pas, mais je t'ai reconnue...
Je t'ai reconnue en tes soeurs, tes filles se donnant au service des malades, à l'hôpit al de Mortagne au Perche, vraies soeurs de charité.
Depuis l'enfance, rêvant de devenir infirmière, en tes soeurs, tes filles, je t'ai reconnue... et je suis venue « pour vivre et mourir, au service de l'Eglise, da ns l'exercice de la charité. »
En terre d'exil, tu m'as soutenue, encouragée, et je t'entends me dire « Vous êtes loin de votre maison... vous ne pouvez être hors de la vue de votre Dieu... Il est ici comme ailleurs et vous l'y trouverez avec la même facilité si vous l'y cherchez avec la même fidélité. » (RG)
Aujourd'hui, de France, seulement un « Petit reste » Mais qu'importe si le grain jeté dans les sillons fertiles de Beauce germe, grandit et porte fruit sous d'autres cie ux... en vraies soeurs de charité... « Si l e grain de blé tombé en terre ne meurt, il demeure seul... mais s'il meurt, il porte beaucoup de fruit » (Jn 12,24).
Rettel, le 31/03/2020
Sr. Michel de la Présentation
A Marie Poussepin
Ensemble rendons grâce, veux-tu, à Celui dont tu partages la pleine Lumière ; Celui, qui, il y a une soixantaine d’années nous a fait nous rencontrer par le petit livre « L’ouvrière de la Providence ». Ce qu’évoquait de toi, l’auteure de ce petit opuscule, m’a rejoint au plus profond, au point de me dire : « C’est dans cette famille religieuse que je souhaite engager ma vie à la suite du Christ. »
Soixante ans après, comme « la goutte au bord d’un seau », le « grain de sable ramené sur la plage par l’océan », je suis, malgré les apparences, aussi partie prenante de cette famille suscitée par ton dynamisme au coeur de l’Eglise.
Tu m’as appris, je crois, à regarder en face la crudité des évènements ; à les « habiter », à y faire face ; à y laisser parler ce qui montait au coeur, du plus profond, comme impulsion à y frayer une route, la mienne parmi d’autres, aux périphéries ; route dans laquelle j’ai toujours été accompagnée au plus profond de mon être par Celui que tu nommes « La Providence », même au coeur des tempêtes, des incompréhensions, des doutes, voire des révoltes.
Mais n’as-tu pas connu ces passages où tu as marché en comptant sur la « fidélité de ton Dieu » dont tu te percevais « l’ouvrière » dans une société qui n’a rien à envier aux turpitudes de notre monde actuel. Ouvrière d’un moment, dans l’histoire du moment, l’organisation sociale du moment, les cris et les espoirs des hommes et des femmes du moment : Les appels du moment laissant à la Providence ce qui ne dépendait pas de toi.
Ton « visage » m’a toujours accompagné, parlé, invitée, souvent interrogée ; ainsi que tes règlements sur une route dont la forme contraste avec tes souhaits fraternels et communautaires. Malgré les apparences, les moments cruciaux de choix structurels l’ont toujours été dans un dialogue clair et la confiance de celles qui avaient autorité dans l’étape. Et toi, tu le sais !
Approchant de la fin du voyage, je ne puis que rendre grâce du chemin parcouru : ses richesses, ses joies, ses avancées, ses victoires humaines ; mais aussi ses fragilités, ses limites, son péché, personnel et collectif.
Tout simplement, versant cette goutte d’eau dans le vin du calice je fais cette prière : « Comme cette eau se mêle au vin pour le sacrement de l’Alliance, puissions nous être unis à la divinité de Celui qui a partagé notre humanité. »
A bientôt, dans la pleine Lumière,