Une contemplation incarnée de Marie Poussepin à la lumière des Proverbes 31,10-31

on 12 Jui, 2020
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Bogotá (Colombia), 10/06/2020, Sr. Carmenza Avellaneda Navas.- Ce texte peut être compris comme une incarnation de la Sagesse, la Sagesse en action. Il s'agit en quelque sorte d'un nouveau portrait, d'un éloge de la femme idéale avec lequel l'auteur clôt le livre des Proverbes, en le confrontant à une conception peu positive de la femme.

C'est une figure de femme, caractérisée par l'unification et l'harmonie, qui dirige bien sa vie, sa vie de tous les jours, et apporte la paix et la joie aux autres.

« Une femme parfaite, qui la trouvera ? Elle est précieuse plus que les perles ! Son mari peut lui faire confiance : il ne manquera pas de ressources. Elle fait son bonheur, et non pas sa ruine, tous les jours de sa vie. Elle sait choisir la laine et le lin, et ses mains travaillent volontiers. Elle est comme les navires marchands, faisant venir ses vivres de très loin. Elle est debout quand il fait encore nuit pour préparer les repas de sa maison et donner ses ordres aux servantes. A-t-elle des visées sur un champ ? Elle l’acquiert. Avec le produit de son travail, elle plante une vigne. Elle rayonne de force et retrousse ses manches !

Elle s’assure de la bonne marche des affaires, sa lampe ne s’éteint pas de la nuit. Elle tend la main vers la quenouille, ses doigts dirigent le fuseau. Ses doigts s’ouvrent en faveur du pauvre, elle tend la main au malheureux. Elle ne craint pas la neige pour sa maisonnée, car tous les siens ont des vêtements doublés. Elle s’est fait des couvertures, des vêtements de pourpre et de lin fin. Aux portes de la ville, on reconnaît son mari siégeant parmi les anciens du pays.

Elle fabrique de l’étoffe pour la vendre, elle propose des ceintures au marchand. Revêtue de force et de splendeur, elle sourit à l’avenir. Sa bouche s’exprime avec sagesse et sa langue enseigne la bonté. Attentive à la marche de sa maison, elle ne mange pas le pain de l’oisiveté. Ses fils, debout, la disent bienheureuse et son mari fait sa louange :

 « Bien des femmes ont fait leurs preuves, mais toi, tu les surpasses toutes ! » Le charme est trompeur et la beauté s’évanouit ; seule, la femme qui craint le Seigneur mérite la louange. Célébrez-la pour les fruits de son travail : et qu’aux portes de la ville, ses œuvres disent sa louange. »

Ce texte a une symbolique profonde qui comporte une dimension externe et une dimension interne.

Cette femme vaut plus que les perles ou les coraux... Ses mains cherchent, distribuent, plantent, travaillent au rouet et au fuseau, soignent les malheureux, s'étendent aux indigents, tissent, vendent, échangent ; elles sont travailleuses et donnent la main. Elles organisent leur maison : leur lampe est allumée à l'aube, elles répartissent les tâches, elles veillent à l'avancement de leur maison.

Elle cherche, discerne, réfléchit...

Elle cherche de la laine et du lin, et travaille de sa main sollicitée. Elle tend la main vers le rouet et ses doigts font tourner le fuseau. Elle voit que son industrie est florissante, sa lampe ne s'éteint pas la nuit. Elle tisse des tissus en lin et les vend...

Marie Poussepin tisse, filme... dans la fabrique de chaussettes, à la recherche du bien-être et du rétablissement des situations familiales ; elle offre des possibilités de perfectionnement à de nombreux jeunes apprentis qu'elle conduit à une vie constructive et autonome.

Le tissage et le filage à la Maison de Sainville est un moyen d'autogestion et de solidarité qui fait participer les personnes dans le besoin aux biens.

Elle se lève quand il fait encore nuit, ... elle distribue la nourriture à sa maison et les tâches ... Elle s'est ceinturé les reins de force et a utilisé la force de ses bras.

Marie Poussepin, entrepreneure organisée, femme au foyer, entreprenante, infatigable... se préoccupe du bon usage et de la performance des biens matériels et spirituels. Elle construit une maison où ses sœurs peuvent vivre l'Évangile de manière originale, incarnant ainsi son projet de construction du Royaume. « Avec la sagesse on se bâtit une maison, avec l’intelligence on la rend solide» (Prov. 24,3). Elle pose les fondations et construit, par le travail communautaire, une chapelle dans laquelle le son de la cloche appelle à la prière et à la contemplation du mystère amoureux du Dieu providence et miséricordieux.

Elle se lève alors qu'il fait encore nuit... Elle veille sur les progrès de sa maison, et ne mange pas le pain de l'oisiveté. Femme laborieuse. Intelligente et pratique, elle organise le rythme des heures de manière à ce qu'elle passe en présence de Dieu et soit productif pour la mission, les tâches qui lui sont confiées, la croissance personnelle et collective de ses sœurs et le service et le bien de ceux qui en ont besoin, tous, ceux du dehors et ceux du dedans.

Elle tend le bras aux malheureux et tend la main aux indigents. Marie Poussepin, une femme ancrée dans la réalité de la pauvreté et de la misère de son peuple, qui la déracine de sa ville pour aller vivre dans le village de Sainville, en proie à la pénurie et à la misère. Elle porte la réalité qu'elle touche de ses mains ; elle planifie, cherche, discerne comment répondre à l'éducation des orphelines, en élevant le niveau d'instruction ; aux soins de santé qui rendent les malades dignes grâce à un service attentif, aimable et efficace.

Elle a fait construire un puits à l'extérieur de la maison, afin que tous puissent venir chercher de l'eau, qui devient alors un signe de ce qui saute à la vie éternelle.

Elle est revêtue de force et de grâce, et regarde l'avenir avec joie. Elle ne craint pas la neige pour sa maison. Elle a sa sécurité en Dieu et met sa confiance dans la fidélité de ceux qui lui succéderont dans l’Œuvre de la Providence que le Seigneur a placée entre ses mains. Elle assume avec force les difficultés qui marquent sa vie et la réalisation de ses objectifs.

Le regard de Marie Poussepin dépasse les limites. Elle regarde loin devant, avec des yeux sur l'avenir, en vue de la formation, de l'annonce de l'Évangile, de l'administration. Ses directives transcendent les continents et les époques. Sa vision missionnaire remplit bientôt les champs de la Beauce avec la présence de ses filles..., les paroisses et les diocèses qui appellent de leurs urgences et de leurs besoins... les pauvres sont à la porte. Elle rêve, planifie, prévoit et ses rêves deviennent réalité.

Elle ouvre la bouche avec sagesse, et dans sa langue il y a une doctrine de bonté. Ses mots guident, enseignent, montrent le chemin, corrigent, encouragent, exhortent, communiquent la paix et la confiance, donnent la sécurité. La charité doit être l'âme qui soutient et unit sa communauté. La charité est versée dans le service, à la maison comme à l'extérieur. L'humilité, la simplicité, la pauvreté et la bonté deviennent un témoignage de vie et une proclamation de la Parole. Connaître et annoncer Jésus-Christ est le but qui mène à l'existence et lui donne une place centrale.

Elle veille au progrès de sa maison, et ne mange pas le pain de l'oisiveté. Les mains de la Fondatrice sont rassemblées pour prier, ce sont des mains qui travaillent, guérissent, organisent, produisent, partagent, écrivent, construisent, accueillent, deviennent cœur et don sans réserve.

Entre Dourdan et Sainville, Marie Poussepin permet à Dieu de tisser la trame de son amour, chaque jour, dans la simplicité, la pauvreté, l'humilité, la minorité... Dans le silence, elle s'enivre du Seigneur, elle écrit et rêve pour sa communauté. Dans un travail acharné et organisé, elle met son intelligence et son action. La prudence accompagne ses décisions. La solidarité, l'amour et le service à ceux qui en ont le plus besoin vivent en elle. La force d'âme lui permet de vivre longtemps, animée par l'Esprit Saint pour "voir ce qui est juste aux yeux de Dieu et le faire". La foi fait d'elle une fille fervente de l'Église.

 Que ses œuvres proclament sa louange aux portes de la ville.

En cette ANNÉE DE LA GRÂCE, nous sommes très heureuses de proclamer une fois de plus son éloge et de louer ensemble la Tisseuse de bas à Dourdan, la Fille de la Providence, l'Apôtre Social de la Charité, la femme forte et pleine de SAGESSE qui, à travers sa communauté, est présente dans nombreux endroits, qui souhaite accueillir la voie ouverte pour suivre Jésus-Christ aujourd'hui dans la nouveauté et la cohérence. Une voie d'authenticité, de service, d'inclusion, de centralité, de synodalité, de Miséricorde, d'AMOUR.

Marie Poussepin nous met au défi, elle nous appelle aujourd'hui... Un avenir proche s'ouvre à nous, avec des chemins d'engagement et de détermination.

"La Sagesse est resplendissante, elle ne se flétrit pas. Elle se laisse aisément contempler par ceux qui l’aiment, elle se laisse trouver par ceux qui la cherchent. Elle devance leurs désirs en se faisant connaître la première. Celui qui la cherche dès l’aurore ne se fatiguera pas : il la trouvera assise à sa porte." Sagesse 6:12-14