Province de France, 11/06/2020.- Plus de lettres à Marie Poussepin.
Très chère Mère,
Oui, vous êtes notre mère, vous nous avez engendrées, nous, 3 siècles et des poussières après les premières, en 1696, celles qui ont partagé votre vie. Oui, vous nous avez engendrées pour « vivre et mourir au service de l’Eglise dans l’exercice de la charité. »
Car « L’âme de la Communauté, c’est la charité »
La charité est un vrai exercice.
Vous en savez quelque chose, n’est-ce pas ? : pratique ou habitude, entraînement, activité physique, manœuvre …tous les synonymes de « exercice » ont du sens … qui à voir avec la charité.
Tiens … quand vous rencontrerez Madeleine Delbrêl au détour d’un bonheur de ciel et que vous ferez un brin de causette, elle vous dira :
« Qu’on n’apprend pas la charité, on fait peu à peu sa connaissance en faisant la connaissance du Christ. »
Ou encore « C’est l’Esprit du Christ qui nous rend féconds de charité. »
« La charité est notre vie devenant vie éternelle. »
« Un acte sans charité est une mort subite, un acte de charité est une résurrection immédiate. »
« La charité tu la gagnes, en la désirant, en la demandant, en la recevant, en la transmettant. »
Je crois que j’en ai assez dit sur un sujet que vous connaissez sur le bout du cœur.
Donc « vivre et mourir dans l’exercice de la charité » c’est sans doute ce qu’on fait Germaine et Paul ?
Et je vous vois les accueillir avec ce bon et délicat sourire qui vous caractérise si bien.
Et, en ces temps qui sont nôtres et tellement déroutants, je vous écris pour vous raconter quelques Fioretti de votre Présentation en France.
Une fois n’est pas coutume : nous n’allons pas nous battre la couple… mais regarder ce qui s’est passé depuis le 17 mars de l’an de grâce 2020, (c'est-à-dire depuis un mois et demi) de beau, de joli, de fraternel, de vivant, de gratuit, d’inventif, de courageux, de communicatif, de joyeux, etc …
Votre famille s’est trouvée prise au piège d’un danger venu de l’extrême Est de la planète qui a pour nom coronavirus ou covid19. (On ne met pas de majuscule à son nom, il ne le mérite pas.)
Ce redoutable virus - comme une peste ou un choléra des temps passés - s’est répandu en Orient puis en Europe, sans épargner les autres continents.
En Europe, il a fait des dégâts conséquents et les pays ont du pratiquer le confinement de la population.
Alors les sœurs de la Province de France ont claqué leurs volets, poussé leurs grilles, fermé les portes de leurs maisons. Ce n’est pas dans leurs habitudes. Elles aiment au contraire les ouvrir pour en sortir et aller vers les autres et que les autres puissent y entrer.
Et alors il s’est passé quelque chose de vraiment sympathique.
Cela a commencé comme un frémissement, avec une proposition de notre sœur Anne.
Elle nous a demandé si le partage d’un journal tenu par elle, au jour le jour, de ce qu’elle vivait nous intéresserait. La réponse fut sans doute très positive car depuis le 19 mars elle a envoyé régulièrement des nouvelles. Et quelles nouvelles !
Ensuite, ce fut un fleurissement de partages : poèmes, chansons, notices, informations, faits divers, actualités, chroniques, bulletins, flashes, venus de toute la province, en veux-tu en voilà, et même d’ailleurs, de toute la congrégation - votre congrégation - sur les différents continents où elle est établie, où elle fait du bien comme vous nous avez appris à le faire.
C’était un florilège. Entre parenthèses, il ne faudrait pas que ce soit comme un soufflet au fromage : coronavirus parti, envolé le spicilège ! (pour éviter la répétition de florilège) !
Il faut qu’on en tire du bien de ce mal.
Il faut que le fleurissement devienne une gerbe de communion tous azimuts, non ?
Comme dit Montaigne « C’est une belle harmonie quand le dire et le faire vont ensemble. »
Et encore, ce que je vous raconte, bien maladroitement, n’est que la partie émergée de l’iceberg car il s’en est passé des choses que le confinement n’a pas dévoilé et que le secret des cœurs, seul, connaît !
De vivre ensemble 24 heures sur 24, ça modifie les relations, les regards se convertissent, de la bienveillance s’instaure, de rire ensemble ça guérit les incompréhensions, une confidence en appelle une autre …. ….. ….
Peut-être que le verbe aimer s’est conjugué au présent ?
Et j’ai limité mon propos à la seule congrégation car de belles initiatives ont fleuri aussi dans les paroisses, les diocèses, le voisinage et j’en passe …..
Je croyais faire une lettre courte et voilà qu’elle déborde de partout comme déborde mon cœur du manteau de Saint Martin.
Alors je vais arrêter mon bavardage …
Mais j’ai passé près de vous un moment bien doux. Forcément parler avec sa mère est un moment privilégié ! Je suis peut-être un peu familière ? Non ? Vous aimez bien ….
Puis-je vous charger d’une commission ? Oui ? Quand vous rencontrerez Mère Saint Pierre, transmettez-lui toute l’admiration et l’amour que j’ai pour elle.
Sr. Françoise-Chantal
Chère Mère Marie Poussepin,
Je viens te dire MERCI !
Pendant trois siècles, on parle de toi et de l’oeuvre que la Providence Divine a mise entre tes mains.
Depuis trois siècles tu parcours les pays à travers tes filles qui ont emboîté tes pas et qui ont étendu ton charisme aujourd’hui dans 36 pays et bientôt le 37e, tout en déployant l’expansion missionnaire.
Tout au long de ces trois siècles, ta charité a demeuré en chaque soeur qui soigne un malade, qui instruit un enfant, qui rend visite à une famille…qui parle de Dieu et avec Dieu dans la paroisse, la prison, la rue…
Trois siècles que nous parlons de toi, que nous prions avec toi, que nous t’aimons !
Le temps passe, chère Mère, non sans difficulté, mais tu nous apprends chaque jour tes vertus, qui, comme un vent frais, pénètrent nos âmes, nos vies, nos communautés !
Aide-nous, chère Mère fondatrice, à accomplir ton désir : «Que la charité soit l’âme de la communauté».
Pour toujours et à jamais, tu resteras : « l’humble, pieuse et charitable Marie Poussepin ».
Puissions-nous, tes filles, demeurer fidèles à ton esprit et annoncer Jésus Christ où le vent de l’Esprit nous envoie!
Simplement, je viens te dire : MERCI à toi, l’enseignante, l’infirmière, la catéchiste, enfin … « l’APÔTRE SOCIALE DE LA CHARITÉ »
Avec amour et gratitude,
Ta fille, Sr. Amanda Mesa.
Maison d’Abraham - Jérusalem